Une exposition photo de Mélanie Wenger, à la galerie Stimultania
« C’était l’été, nous étions tapies dans l’ombre et la poussière. Elle a parlé d’oryx jusqu’à ce que le gong résonne. Elle appelait ses séries « conservation » parce qu’elle racontait ainsi la complexité de la sauvegarde des espèces. Je ne savais rien alors du prix des têtes.
Elle avait travaillé sur le trafic d’ivoire au Zimbabwe et au Cameroun et elle avait rencontré Marty. Ils avaient partagé la brousse avec les éléphants, les braconniers et les rangers. Marty en avait déjà tués mais il voulait celui-ci sans défenses car le prix était meilleur. Ils avaient marché pendant des semaines et jeté des cendres dans le vent. Elle était restée. Était-elle folle? Plus tard, elle avait parlé de solitude. De son angoisse de ne pas en avoir fait assez. De liberté. Au Texas, en Afrique du Sud, en Colombie ou en Bretagne, elle avait mesuré la complexité des équilibres. Elle avait alors planté sa tente avec les contrebandiers, passé des nuits à regarder les hommes soûls tirer sur les lapins et une femme pisser dans son café. Elle avait publié ses images dans Libération et VSD, édité un livre chez Actes Sud et se préparait pour une mission pour National Geographic.
Elle a eu aussi des phrases de silence. Des phrases qui disaient que la femme avait, un jour, chaviré parce qu’elle ne pouvait oublier l’instant sublime où l’éléphant s’était effondré.
Rapidement, nous avons décidé de l’exposer ; jusqu’au dernier jour de l’année, tout était encore possible. La chasse nous semblait être un bon sujet, dangereux, certes, mais nous en avions l’habitude. »
Céline Duval
Mélanie Wengerest photographe documentaire représentée par l’agence Cosmos basée à Bruxelles. Diplômée de Lettres et d’un Master en journalisme, elle a choisi de raconter des histoires d’Hommes, de héros de l’ordinaire, de révéler leur profondeur au travers de l’immédiateté permanente de la photographie. Sans oublier les aspérités, surtout, qui les rendent si uniques.
du 12/10/2018 au 21/12/2018 Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h30 Galerie Stimultania
33 rue Kageneck
Entrée libre