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DU CÔTE DE LA GARE N°5 - juin 2001Portrait du petit matin Les 5 à 7 de M. BuhlerLire le journal tout frais en pyjama : ce luxe rare est possible grâce à ceux et celles qui, à Strasbourg, portent le journal à domicile. Rencontre avec l'un de ces héros du point du jour.
M. Buhler a commencé ce travail dans le quartier en 1981, c'est dire s'il en connaît les rues et les habitants. Son secteur compte actuellement 170 abonnés (la tendance est à la baisse), en majorité des personnes âgées qui toutefois lisent les DNA en français, à l'exception de six lecteurs fidèles à la version allemande. Il a par ailleurs dans sa clientèle six abonnés au Monde (un autre de nos concurrents, du soir celui-là !). Regrettant le désintérêt actuel des gens pour la lecture de la PQR (presse quotidienne régionale), il sait pourtant qu'un même exemplaire circule au sein d'un immeuble et a en réalité bien plus d'un lecteur. C'est le faubourg National qui détient le record d'abonnés, alors que les gendarmes de la rue de Molsheim ne semblent guère friands d'information écrite : il n'a que 16 journaux à distribuer dans les 144 boîtes aux lettres que compte la gendarmerie. Dans le quartier, très peu d'immeubles sont munis de digicode, et ce ne sont pas moins de 80 clefs qui garnissent le lourd trousseau de Dany ; il les a toutes numérotées pour faciliter la tâche à son remplaçant lors de ses congés. Car si lui connaît par cur toutes les clefs et tous les noms -ce qui lui permet d'effectuer sa tournée en une heure 30 environ- les remplaçants ont souvent du mal à tenir cette cadence. L'Alsacienne de Portage, son employeur, exige que la tournée soit achevée à 7 heures du matin. Les premiers servis trouvent donc le journal dans leur boîte aux lettres avant 5 heures, et les derniers l'ont au plus tard à 7 heures. Certains clients, souvent des personnes âgées et isolées, guettent le passage du porteur afin d'échanger quelques mots avec lui avant de se plonger dans la lecture du quotidien. Curieux de toutDaniel Buhler, qui habite dans le quartier depuis une dizaine d'années avec sa fille lycéenne et sa femme employée à la boulangerie Noëlle, connaît énormément de monde : abonnés, habitants, commerçants. Et comme il se dit lui-même « curieux de tout, des gens comme des événements sportifs ou politiques », il trouve toujours un sujet de conversation à partager avec ses interlocuteurs. Lorsqu'il parle du quartier avec ses abonnés, il a remarqué que dans l'ensemble les gens sont, comme lui, satisfaits de l'évolution de celui-ci, avec toutefois des reproches récurrents sur l'aménagement de la place de la Gare -« triste, morne, dépourvue de verdure »- ou sur le bruit du tram et des trains. Bizarrement, les gens semblent s'accommoder de celui de la circulation automobile, pourtant très dense dès les premières heures de la matinée. « Les gens roulent comme des fous sur le boulevard de Nancy à 6 heures du matin, et deux voitures sur trois ne respectent pas le feu au croisement entre le boulevard et le faubourg National ». Son prédécesseur a d'ailleurs choisi de quitter son poste après avoir été renversé sur ce même boulevard. Même s'il regrette de ne pas avoir plus d'abonnés, notre porteur est très heureux de travailler ici, et apprécie la gentillesse de ses clients, souvent très généreux au moment des étrennes. Ce travail qui lui permet de mettre « du beurre dans les épinards » -il est par ailleurs ouvrier en journée dans une usine de la Meinau- et qui paraît terriblement contraignant à beaucoup de monde, lui convient parfaitement bien. Cela ne l'ennuie absolument pas d'avoir à se lever à l'aube 7 jours sur 7, qu'il vente ou qu'il pleuve. Pas d'anecdote particulière à raconter sur son travail ou ses abonnés, si ce n'est qu'il compte dans sa tournée un des plus anciens abonnés strasbourgeois. En effet, cela fait 102 ans que les DNA parviennent au domicile de M. Schitter qui a conservé le premier coupon souscrit par son père au « Strassburger Neue Zeitung » ! Daniel Buhler est souvent agacé à l'évocation des problèmes d'insécurité dans le quartier gare. En vingt ans, il n'a eu que deux incidents mineurs lors de ses tournées et trouve au contraire le quartier sympathique et agréable à vivre. De toute façon, pour rien au monde il n'irait vivre à la campagne car il suffit de deux jours pour qu'il déprime et s'y ennuie. Si les porteurs de journaux ne sont que le dernier maillon des DNA et que les journalistes n'ont pas toujours de considération pour eux, l'estime et la gentillesse des abonnés sont pour eux et pour Dany « la meilleure des reconnaissances ». Emmanuelle Wendling
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