DU CÔTE DE LA GARE N°5 - juin 2001

Poussez la porte pour voir...

Ecouter, accueillir

Dans notre quartier, fréquenté par un grand nombre de personnes en diffi­culté, il existe des lieux qui ont relevé le défi de la  solidarité.

L'association La Silba, située Petite rue de la Course, dans l'immeuble qui avait abrité une courte période un hôtel social au début des années 90, ouvre ses portes à des populations pour la plupart très jeunes -moins de 30 ans en moyenne- qui peuvent trouver là une tasse de café, mais aussi la possibilité de prendre une douche, de laver et sécher leur linge, moyennant une somme symbolique. « Les personnes qui fréquentent ce lieu peuvent être simplement de passage, mais aussi être là de façon très régulière, elles peuvent venir s'exprimer ou rester sans rien dire… Nous sommes là simplement pour leur apporter une écoute ». Patrick Kientz, responsable de la structure, regrette cependant la difficulté à maintenir la possibilité à des personnes plus âgées de pousser la porte de La Silba en raison de la mainmise des jeunes sur ce lieu, provoquant régulièrement de vives tensions. Il évoque enfin la frustration ressentie par les permanents -et les travailleurs sociaux en général- de ne pouvoir réaliser un travail plus en profondeur, de ne pas connaître l'évolution des gens par la suite…

Un peu plus loin, dans une cour de la rue Martin Bucer, l'association Printemps Accueil Horizon Amitié, dirigée par Luc Lallemand, accueille également en journée une population en marge. La structure, composée de deux permanents et de quelques emplois consolidés, propose à des gens plutôt jeunes - les plus âgés se situent davantage dans d'autres quartiers- une activité, un possible lieu d'échange… ou simplement un café. « La vie est paradoxalement plus dure pour les exclus en été qu'en hiver : il est plus difficile de se  nourrir lorsque les restos du cœur sont fermés et que les bénévoles sont en vacances ». Luc Lallemand constate un rajeunissement inquiétant de cette population, de plus en plus nombreuse. La drogue y reste l'un des problèmes majeurs, et l'héroïne, qui a pratiquement disparu du quartier, est aujourd'hui supplantée par des médicaments légalement prescrits et détournés de leur but initial -la désintoxication-, qui donnent lieu à un commerce difficile à contrôler et font encore davantage de ravages parmi les jeunes.

Les moyens manquent cruellement et l'association est obligée de parer au plus pressé. Elle organise néanmoins certaines activités : un artiste passe trois demi-journées par semaine dans leurs locaux, des sorties vélos sont quelquefois prévues. De plus, un psychologue est présent de façon régulière, et quand un jeune marque le désir de s'en sortir, on le réoriente vers d'autres structures plus appropriées. Car comme le dit justement Luc Lallemand, « on change sa vie quand on a trouvé une vie de rechange, pas quand on en a marre de sa vie » !

P. R.

La Silba

15 Petite rue de la Course - Tél. 03 88 32 37 35

Printemps Accueil Horizon Amitié

11 rue Martin Bucer - Tél. 03 88 22 10 33

Quand le travail fait mal

Conflits hiérarchiques, harcèlement moral, humiliations, pressions diverses : les souffrances au travail sont souvent difficiles à exprimer par celui ou celle qui en est la victime. "Mots pour maux au travail" a été créée à Strasbourg, en février 1997, à partir de la réflexion d'un groupe de praticiens du travail et du constat de l'absence d'un lieu de parole et d'accueil pour les personnes concernées par ces problèmes. Installée depuis le début de cette année au bout de la rue de la Course, l'association assure des permanences téléphoniques de deux heures par jour, du lundi au jeudi. « Nous recevons, en moyenne, 20 à 30 appels par jour, d'un peu partout en France », précise Cédric Latournerie, objecteur de conscience et seul permanent de "Mots pour maux au travail", qui s'appuie sur l'engagement bénévole de juristes, de psychologues et de médecins du travail. Des permanences d'accueil sont organisées dans les locaux, les mardis et mercredis soir et uniquement sur rendez-vous, afin d'aider les personnes à « trouver une issue active à leur situation et à se replacer dans une dynamique d'action ». Une série d'entretiens permet de les aiguiller vers d'autres structures. « Ce n'est pas à nous de juger les cas rencontrés ou de nous substituer à ce qui existe déjà. Nous orientons les personnes vers les syndicats et les représentants du personnel en général, vers des psychologues, vers des avocats… Ce qui est important à notre niveau, c'est de prendre en compte leur parole ».

M. N.

Mots pour maux au travail

47 rue de la Course Tél. 03 88 22 22 06

Site Internet : www.multimania.com/xaumtom

E-mail : motspourmaux@wanadoo.fr