DU CÔTE DE LA GARE N°5 - juin 2001

Un peu de tout

Quartier story

Alors que les plus grands journaux de ce pays, du « Monde » à « Voici », ont décuplé leurs ventes par la couverture de l'événement médiatique de ce siècle naissant (et à les en croire des siècles à venir), ils sont passés à côté d'une aventure encore plus fabuleuse que celle de ces jeunes victimes consentantes offertes en sacrifice à un infatigable Minotaure-Cyclope et à son oeil-caméra. Hep, tu t'égares, Kartiégar, reviens sur M6 !

Et bien, non, justement ! Restons dans le rêve, le rêve d'une "Histoire de Quartier" où l'on pourrait rester à satiété, sans ces indécentes « nominations » qui évoquent de nauséeuses votations helvètes, et où chacun serait "désirable" (à comprendre comme non-"indésirable"). Mais, s'il vous plait, une Histoire d'où l'Oeil détournerait son regard pesant, sans ces caméras promises ou réelles, dans le tram, dans les bus, dans la rue : merci, Monsieur Warhol, mais je vous rends mes quinze minutes de célébrité !

Cette Histoire, c'est aussi à vous de l'écrire, bonnes gens ; quittez donc votre loft ou votre appartement, cachez ces écrans télé que je ne saurais voir ! Et descendez dans la rue. Ce n'est certes pas encore le Grand Soir, mais en attendant, vivons ! Vivons ensemble, parlons, partageons, à tous les sens du terme, retrouvons-nous sur les trottoirs, dans les cours, sur les places. Les occasions ne vont pas manquer avec l'arrivée de l'été, ici ou ailleurs : surveillez les murs et les flyers ! En voilà déjà une : le 4 juillet au soir, on partagera un pique-nique, dans la rue Kuss sans doute (voir ci-contre). Et pourquoi pas avec vous ?

Et pour finir, surtout n'oubliez pas, si le journal que vous tenez entre les mains vous a intéressé, discutez-en avec votre famille et votre raton-laveur !

Olivier Mitschi

P.S. : Eh oui, « Du coté de la Gare » aussi en a parlé. Il a vraiment tout d'un grand !

Les élucubrations de M. Kartiégar ont fait l'objet, au sein de la rédaction, de discussions passionnées ! N'aurait-il pas été plus "grand" d'ignorer cette tristement célèbre émission, mon cher Kartiégar ? Mais, après tout, ce serait dommage d'être toujours d'accord sur tout. Sans rancune ?

M. N.

Pas d’accord

Extraits des réactions d’un lecteur à l’article de Bernard Anclin « De l’autre côté du pont » paru dans notre précédente édition.

Daniel a quitté le portail de Saint-Pierre-le-Vieux qu'il squattait depuis six mois. Certains s'en désolent, je m'en réjouis au nom d'une certaine idée de la solidarité et de la citoyenneté. La ville de Strasbourg a mis en place des structures d'accueil pour les sans abri : Daniel, au lieu d'une bâche en plastique, couche sous un toit : en hiver, on peut juger cela plutôt comme un progrès ! Les collectivités territoriales soutiennent également les associations qui s'efforcent d'aider ceux que la misère et les aléas de la vie ont rejetés. Cela n'est jamais suffisant et la pauvreté restera toujours une souffrance pour ceux qui la vivent comme pour ceux qui se désespèrent de leur impuissance.

(….) Pour qui veut regarder, on rencontre dans notre ville toutes les misères : demandeurs d'asile et déboutés du droit d'asile, exclus de toute la France et de toute l'Europe attirés par le mirage de notre prospérité. La solidarité a matière à s'exercer : certaines "reconduites à la frontière" devraient susciter une indignation que ne mérite pas le déménagement de Daniel ! Citoyen, je revendique le droit d'utiliser les lieux de culte, comme les lieux publics, comme forum pour défendre une cause. Qu'une église accueille une grève de la faim de sans-papiers, qu'elle soit un lieu de refuge et d'accueil pour tous, me paraît légitime et cela me réjouit en tant que chrétien ! Que la place de la Gare accueille la grève de la faim des Kurdes, bravo !

Que le parvis de mon église ou l'abri du tram se transforme en lieu d'aisance, pas d'accord : je refuse de confondre la fraternité et la solidarité avec la provocation ! Tout citoyen a des droits mais aussi l'obligation de respecter les droits des autres : c'est vrai pour chacun d'entre nous, c'est vrai pour Daniel !

Jean-Claude Gonon